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  Didier Raoult, Grand Prix 2010 de l’Inserm  

Didier Raoult, batériologiste et chercheur marseillais, reçoit ce soir au Collège de France le Grand Prix 2010 de l’Inserm.

S’il n’avait écouté que ses envies d’adolescent, sans doute serait-il encore à sillonner les mers pour le seul plaisir de vivre libre. Sauf que Didier Raoult, à qui sera décerné aujourd’hui le Grand Prix de l’Inserm (1), n’est pas resté trop longtemps sur les chemins de traverse où il aurait pu errer jusqu’à se perdre lui-même. Quarante ans tout juste après avoir largué les amarres, quittant le lycée marseillais où il vivotait en classe de 1ère pour embarquer sur un paquebot "sans l’intention de revenir", l’élève dilettante et turbulent est devenu l’un des meilleurs spécialistes mondiaux des maladies infectieuses et un chercheur français parmi les plus prolifiques de la planète.

Depuis la création, en 1983, de sa première unité de recherche sur les rickettsies, bactéries responsables du typhus et de certaines fièvres boutonneuses, Didier Raoult a en effet signé ou co-signé plus de 1300publications dans les revues internationales à comité de lecture, dont certaines en rupture avec les théories scientifiques les plus solidement établies. "Je ne me suis jamais situé dans le flux de pensée dominant", justifie-t-il, revendiquant "un scepticisme permanent vis à vis des théories considérées comme immuables."

Rien, d’ailleurs, ne l’irrite plus que le consensus. Surtout en matière de recherche médicale, où la lumière jaillit souvent de là où on ne l’attendait pas. "Ce n’est pas normal quand les gens sont tous d’accord", explique-t-il avec la conviction de ceux qui ont dû s’habituer à défendre bec et ongles des idées iconoclastes devant des auditoires ultra conformistes. "Si j’observe mon parcours, détaille-t-il, je me rends compte que j’ai beaucoup plus appris en me mettant en opposition avec les gens et les choses qu’en prenant les sillons déjà tracés qu’on aurait voulu me faire prendre."

Une posture hardie qui lui a finalement porté chance. Mais au prix d’une constante prise de risques, dans l’élaboration de ses projets scientifiques comme dans la relation forcément compliquée avec son environnement humain. En témoigne son passage à la présidence de l’université de la Méditerranée, où il fut élu en septembre 1994. "Quand je suis arrivé, se souvient-il, j’ai viré tout le monde, y compris les vice-présidents. Et je me suis vite aperçu qu’il est toujours difficile de faire ce qu’on croit devoir faire pour changer."

De cette expérience, il dit avoir appris deux choses fondamentales pour la suite de sa carrière : une bonne compréhension de l’organisation juridique des grandes institutions publiques et un savoir-faire précieux dans le montage des gros dossiers complexes, comme ceux qui précèdent tous les programmes de recherche ambitieux. La gloire scientifique - "la seule vraie récompense des chercheurs"- est d’ailleurs venue pour lui en 2004, cinq ans après la fin de son mandat universitaire, avec la découverte d’un virus géant, Mimivirus, qui bouscule les certitudes sur la classification même des êtres vivants. Quatre ans plus tard, autre découverte majeure, celle d’un virus satellite capable de coloniser d’autres virus pour se reproduire.

Baptisée Spoutnik, cette bestiole n’est sans doute pas étrangère au Grand Prix de l’Inserm que Didier Raoult recevra ce soir au Collège de France. La plus haute distinction pour un chercheur français, qui n’aura guère plus qu’à espérer le Nobel pour rehausser encore le prestige de l’unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes qu’il dirige toujours, au 2e étage de la faculté de médecine de La Timone.

(1) Institut national de la santé et de la recherche médicale.


Didier Raoult digest

Né en 1952 à Dakar (Sénégal), Didier Raoult a baigné dès son plus jeune âge dans l’univers médical. Son père, médecin des armées, avait créé à Dakar une unité de recherche en nutrition tropicale qui a longtemps fait autorité. "On n’échappe pas à son destin", admet aujourd’hui le bactériologiste, devenu à son tour médecin après un bac littéraire passé en candidat libre. Diplômé de la faculté de médecine de Marseille, il a créé sa première unité de recherche en 1983, sans jamais perdre le contact avec la maladie et les patients.

Depuis 2008, il dirige l’unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes. Avec son épouse, Natacha, médecin-psychiatre et romancière à ses heures, ils ont eu deux filles qui ont aussi embrassé la carrière médicale. Bon sang ne saurait mentir.

Hervé VAUDOIT - La Provence

Voir l’article original de La Provence